03 août 2018

Le véhicule de demain, plateforme marchande et de divertissement ?

Les véhicules électriques, tout comme les technologies de conduite autonome, occupent aujourd’hui le devant de la scène. Mais qu’en est-il des solutions proposées pour l’habitacle des voitures du futur ?

Les acteurs de la tech ne manquent pas d’imagination pour faire de la voiture bien plus qu’un simple moyen de transport. Les véhicules connectés seront dans le futur de véritables couteaux suisses : à la fois plus performants, plus intelligents, plus économiques et plus polyvalents. Leurs usages seront multiples, du magasin éphémère au bureau mobile. Des transformations qui changeront le quotidien des conducteurs américains, qui passent en moyenne plus de 290 heures par an sur la route (soit l’équivalent de sept semaines de quarante heures au bureau), parcourant ainsi près de 17 500 kilomètres. La tendance est aux solutions de transactions financières et de divertissement à bord, avec Amazon et Mastercard est en première ligne.

Pionnière dans le secteur, Mastercard travaille depuis plusieurs années avec des constructeurs automobiles, mais aussi avec des agences de voyages, des agences de transport, et bien d’autres acteurs de la mobilité. L’entreprise américaine a récemment annoncé renforcer son partenariat avec la société de cartographie HERE Technologies, et en développer un nouveau avec SAP et Postmates, afin de travailler sur le paiement embarqué. Ensemble, ces sociétés souhaitent faire entrer les solutions de paiement numérique au sein du véhicule, pour offrir aux conducteurs le confort d’une expérience de paiement sur la route. Il s’agit de faciliter les transactions traditionnelles (aux stations-essence ou aux péages par exemple), mais aussi d’en imaginer de nouvelles, depuis le tableau de bord. Le paiement biométrique, en pleine expansion, pourrait servir ces nouveaux usages.

Will Judge, vice-président des partenariats d’entreprises chez Mastercard, a une idée précise sur le futur proche du paiement embarqué : « Au cours des six prochains mois, nous offrirons aux consommateurs aux États-Unis la possibilité d'effectuer des transactions en direct depuis leur véhicule pour le stationnement, le carburant, ainsi que la commande et la livraison de produits alimentaires ». La collaboration menée avec HERE Technologies abonde dans le même sens : celui d’offres basées sur la localisation du consommateur. Car aujourd’hui, que ce soit « les fournisseurs logistiques, les villes et les offices de tourisme, les marques commerciales ou les institutions financières, tous veulent être en mesure de fournir les informations les plus pertinentes à un moment, un lieu et un client donnés », rappelle Will Judge.

Avec l’intégration d’Alexa au tableau de bord, nul doute que les achats depuis le véhicule connecté vont se généraliser. Le géant du e-commerce permettait déjà de passer commandes depuis de plus en plus d’appareils domestiques inédits : miroirs, enceintes, robots, pour ne citer que ceux-là. Après BMW, Ford et Hyundai, c’est au tour de Byton et bientôt de Toyota de proposer à ses utilisateurs de se servir de la commande vocale pour consommer, chercher des restaurants et changer leur destination en temps réel pendant qu’ils sont au volant. Et dans les cas où cette intégration n’est pas présente, il est possible de simplement ajouter Garmin Speak au véhicule, un appareil imaginé en collaboration avec Alexa, et qui permet également, par reconnaissance vocale, d’écouter de la musique (avec Amazon Music, Pandora, Sirius XM , Spotify ou autre), de jouer à des jeux, de créer des notes, de consulter son calendrier, la météo ou encore l’état de la circulation routière. Idem avec Muse Auto. La start-up californienneTelenava quant à elle annoncé le lancement d'une plateforme publicitaire embarquée.

L’achat, qui depuis bien longtemps n’a plus seulement lieu dans des points de vente physiques mais aussi en ligne, se fait désormais partout, même en conduisant. Et pour les passagers ? La start-up new-yorkaise Cargo leur offre la possibilité d’acheter des collations, des produits électroniques, médicaux et de beauté pendant leurs trajets avec Uber. Si cela repose encore sur une transaction opérée sur un site web, demain, qui sait, peut-être n’aura-t-on plus besoin de smartphone, d’ordinateur ou d’autre appareil connecté indépendant du véhicule ? La voiture semble devenir de plus en plus indépendante… et toutes options.

À une époque où « 85% des paiements mondiaux sont encore effectués avec de l'argent liquide ou des chèques», Mastercard entend « élargir la portée des paiements électroniques et leur processus, pour faciliter et améliorer le quotidien des individus, mais aussi pour rendre les sociétés plus inclusives», ajoute Will Judge. Comment ? En « transformant chaque appareil connecté en un appareil capable d'effectuer et de recevoir des paiements ». Une bonne nouvelle pour les quelques 70 millions de véhicules connectés qui doivent être mis en service dans le monde d'ici 2023, et les 21 millions de voitures autonomes qui seront sur les routes en 2035.

Le secteur de l’assurance s’adapte lui aussi aux nouveaux usages, comme le prouve l’étude de BNP Paribas Cardif Allemagne intitulée "Financing and insurance of new mobility concepts" et menée par le CAM (Center of Automotive Management), institut indépendant de recherche sur la mobilité. BNP Paribas Cardif Allemagne a ainsi récemment lancé le produit Keep on Moving (KOM). Dans un premier temps, ce produit permettra plus de flexibilité pour les assurances protection de paiements dans le secteur automobile, grâce par exemple à un paiement mensuel des primes ou à une couverture supérieure au montant des tranches de remboursement de crédit. Il permettra, par la suite, d’assurer tous les services de mobilité des clients grâce à Keep on Moving. Tous les frais liés à la mobilité seront assurés au moyen de prestations packagées souples.?« Avec notre gamme de produits Keep on Moving, nous répondons à cette évolution et nous nous positionnons en tant qu’assureur de la mobilité. », souligne David Furtwängler, PDG de BNP Paribas Cardif Allemagne.

Article écrit en collaboration avec l'Atelier.