15 mars 2017

Comprendre les comportements, détecter des signaux faibles, offrir de nouveaux services, c’est la promesse de l’analyse des données produites par les objets connectés dans de nombreux secteurs industriels. Le domaine de la santé n‘est pas en reste et exploite le potentiel de ces technologies depuis déjà de nombreuses années (stimulateurs cardiaques, implants cérébraux...). Aujourd’hui, la tendance est davantage à la médecine préventive et au développement du suivi médical de manière plus large.

Tour d’horizon

Dans un monde qui change, l’accroissement de la durée de vie implique un maintien plus long des personnes à leur domicile. Si la vocation des objets connectés (IoT, pour Internet of Things) n’est pas de remplacer la présence humaine, indispensables à une vie sociale harmonieuse, ils représentent un nouveau moyen de suivi médical efficace pour des millions de seniors à travers le monde, dont 15 million âgés de plus de 60 ans en France. Cette année, 8,3 milliards d’objets connectés sur internet ont été produit contre 6,3 milliards en 2016 (source : cabinet Gartner).

Suivi à domicile et assistance médicale : les seniors connectés

A Las Vegas, au CES 2017, les objets connectés utiles à la santé étaient l’honneur : bracelet anti nausées ou capteur de contractions pour les femmes enceintes, détecteur de commotions pour prévenir des conséquences de chocs répétés à la tête ou encore mesure du taux de glucose des personnes diabétiques sans piqûre. On estime d’ailleurs qu’en 2020, il y aura 50 à 80 milliards d’objets connectés en circulation à travers le monde. Si les retours d’expérimentation sont très positifs et démontrent le potentiel de l’IoT, reste encore à développer les usages et à valider leur pertinence médicale dans le suivi des patients. C’est le cas du projet « Smartcane ». Équipée de capteurs de mouvements, cette cane intelligente enregistre le mode de vie de son utilisateur (heure de réveil, sorties, etc) et alerte les proches via une application sur smartphone, s’il n'a pas marché depuis longtemps ou en cas de chute. Dans un registre similaire, un interrupteur connecté préviendra les proches si l’électricité n’est pas consommée. De son côté, Sensifall est un revêtement de sol bardé de capteurs qui peut détecter une chute et avertir les proches. Comment être certain que l’on n’oublie pas de prendre ses médicaments ? En utilisant un pilulier connecté qui envoie une alerte en cas d’oubli, synonyme de sécurité pour le patient.

Analyse de données et médecine prédictive

Autre enjeu des objets connectés : traiter et analyser les données produites. L’objectif est de faire évoluer l’approche curative de la médecine vers une approche davantage préventive, notamment pour accompagner le vieillissement des populations et répondre à la croissance des maladies chroniques. C’est le cas de l’hypertension qui concerne un quart de la population mondiale. Avec un tensiomètre connecté, le patient détecté à risque pendant une consultation peut s’auto-mesurer pendant une semaine chez lui et transmettre les données à son médecin afin de fiabiliser le diagnostic.

Dans les labos des grandes entreprises technologiques, on travaille aussi sur des lentilles de contact qui mesurent le taux de glucose dans les larmes et transmet les résultats sur une application pour prévenir le risque de malaises. Autre projet en développement : une montre qui analyse le son émis par le sang des cardiaques pour repérer les premiers signes d'un infarctus du myocarde et communiquer les informations à un médecin.

L’e-Santé à travers le monde : un formidable levier d’accès aux soins dans les pays émergents

Dans les pays émergents, l’e-Santé permet un meilleur accès à la santé de la population et, transforme profondément de fait l’action humanitaire Dans les pays d’Afrique, la télémédecine est utilisée pour compenser le manque de spécialistes, la pénurie en matériel et infrastructures et atteindre une population encore principalement rurale.

Ainsi, au Mali, un service de télédermatologie a été mis en place. Il permet à des médecins généralistes de communiquer leurs observations à des spécialistes installés à Bamako, la capitale. Ces derniers reçoivent des photos et peuvent donner un diagnostic au patient situé sans que le patient n’ait à se déplacer.

Au Botswana, Orange HealthCare a développé une application mobile permettant de faire remonter rapidement les cas de paludisme des centres régionaux au niveau du ministère. Bilan : le temps de réaction du gouvernement est passée de 4 semaines à 3 minutes en cas d’épidémie.

Selon une étude de Future Health Index, de manière générale les pays émergents vont davantage vers un système de soins s’appuyant sur des appareils et systèmes de santé connectée. Pour mesurer le taux d’avancement ou d’engagement de ces pays, l’étude se fonde sur trois facteurs indiquant la mise en place d’un système de soins de santé plus intégré : l’accès aux soins, l’intégration d’un système de santé et l’adoption de technologies de santé.

D’après l’OMS, l’e-santé permettrait de soigner de manière universelle sans être freiné par les coûts, le manque d’accès aux soins. Les objets connectés contribueraient donc à l’émergence d’un nouvel universel.