23 mai 2019

À quoi va ressembler le monde professionnel en 2050 ? Personne ne le sait précisément. Les experts recommandent donc de se concentrer sur les compétences non techniques pour s’y préparer.

42% des étudiants européens pensent se former à un métier qui n’existe pas encore, d’après une récente étude de l’entreprise de cybersécurité Kaspersky Lab. Les membres de la génération Z comme les millennials, sont en effet bien conscients des changements en cours dans le milieu professionnel et sont friands des nouvelles tendances de flexibilité du travail.

Le télétravailcomme le travail en freelancesont désormais plus répandus, les tiers-lieuxse développent, et la hiérarchie se fait moins présente. Le travail de demain se dessine ainsi peu à peu. L’automatisation et la robotisation du marché de l’emploi ne font plus de doute, mais d’autres traits restent à définir. Surtout si l’on se projette en 2050 comme Yuval Harari, historien et célèbre auteur de « Sapiens». Dans son dernier ouvrage « 21 leçons pour le XXIe siècle », le professeur d’histoire considère que le changement arrive tellement vite qu’il est difficile de savoir précisément de quoi demain sera fait. Ce que les enfants apprennent aujourd’hui risque donc d’être inutile en 2050. Comment, dans ces conditions, préparer les prochaines générations au futur du travail ?

 

Les 4C du succès selon Yuval Harari

Yuval Harari a son idée sur la question. Pour lui, l’information devenant toujours plus accessible, les enfants devront plutôt apprendre à la prioriser et à distinguer le vrai du faux. Ils devront être flexibles, capables de réapprendre en permanence. Jacob Morgan, auteur de trois best-sellers sur le futur du travail, conférencier et futurologue explique qu’effectivement « l’âge de la retraite reculant et l’espérance de vie augmentant, nous serons dans le monde du travail plus longtemps, ce qui signifie qu’il faudra se réinventer plus régulièrement pour faire face aux changements ». « On vivra probablement jusqu’à 120 ans, on travaillera jusqu’à 100 ans, on pourra avoir une vingtaine de carrières chacun», estime Whitney Vosburgh, CEO et co-auteur de workthefuture.today.

Pour l’historien, le rôle de l'école ne sera pas de les nourrir de culture générale mais de leur enseigner les 4C : Sens Critique, Communication, Collaboration et Créativité. Une thèse largement partagée par les experts du domaine. John Hagel, consultant en management et coprésident du centre de Deloitte pour l’innovation de pointea déclaré dans une session du festival technologique South By Southwest, que c’est à l’Homme de se concentrer sur des tâches qui créent le plus de valeur en tirant profit de ses caractéristiques humaines dont sont dépourvues les intelligences artificielles : l’imagination, la créativité ou l’intelligence émotionnelle. «L’efficacité est pour les robots, pas pour nous», assénait-t-il. « Je dis toujours que toutes les entreprises du monde peuvent exister sans technologie mais qu’aucune entreprise ne peut exister sans humain », approuve Jacob Morgan. « Je pense que les qualités humaines que sont l’empathie, la conscience de soi et la curiosité seront absolument vitales à l’avenir.» Il nuance : « Les compétences techniques resteront importantes, je ne crois pas que cela changera un jour, mais ce qui sera capital, ce ne sera pas de disposer de connaissances techniques spécifiques dans un domaine donné mais d’avoir une maîtrise générale de la technologie, d’être à l’aise avec ces outils.» Une force dans le contexte actuel.

Un rapport du Forum Économique Mondial rendu public fin 2018 révèle qu’en 2025 les machines effectueront plus de la moitié de toutes les tâches professionnelles, contre 29% aujourd’hui. « En 2050, on aura tous des intelligences artificielles comme collègues, ce sera banal», prédit encore le futurologue.

 

Construire soi-même le futur du travail

Pour réussir et s’adapter, il faudra donc surtout être doté de soft skills, de compétences non techniques. Mais il faudra aussi être « ouvert au changement, embrasser l'ambiguïté, être curieux, capable d’avoir un sens critique, une pensée abstraite. Et puis oser, entreprendre, s’impliquer, être porteur de changement, défendre ses positions, vivre sa vie comme on le souhaite, trouver son but et suivre sa passion, explorer d’autres cultures, se confronter à d’autres points de vue, embrasser la différence », liste Whitney Vosburgh. Une manière de dire qu’il faudra « se construire activement son propre futur du travail, arrêter de présupposer qu’il n’y aura qu’un seul futur du travail possible quand plusieurs types de futur du travail se dérouleront en même temps. Arrêter aussi d’être passif et d’imaginer que le futur du travail se subit quand on peut participer à le créer, à le concevoir et le façonner », conseille Jacob Morgan. « Et la meilleure manière de commencer est de réfléchir dès à présent au type de futur que l’on voudrait voir pour en poser les premiers jalons. »

L’une des clés sera le lien étroit entre humain et innovation : BNP Paribas Cardif, en tant qu’ « entreprise centrée sur l’humain et l’innovation », en a fait l’un des piliers de son plan stratégique, en développant un programme dédié au développement et à l’accompagnement de ses collaborateurs : le Strategic Workforce Planning. « En français, cela peut se traduire par Planification Stratégique des Ressources Humaines », explique Nadège Gaspard, qui en a la charge. « C’est une démarche stratégique, dont l’objectif est d’identifier les compétences dont nous avons besoin dès à présent et celles dont nous auront besoin dans le futur, et accompagner nos collaborateurs pour qu’ils puissent acquérir ces nouvelles compétences, utiles à l’entreprise et reconnues sur le marché ». Ainsi, 1 000 collaborateurs seront formés aux métiers de demain d’ici fin 2022 à travers un partenariat signé en 2018 avec General Assembly.

Présenté par le Cardif Lab’, en partenariat avec L’Atelier BNP Paribas