01 octobre 2019

Avec une croissance en France de 11 %* entre 2017 et 2018, l’investissement socialement responsable a le vent en poupe ! A l’heure où notre société est confrontée à des enjeux majeurs pour son avenir, cette nouvelle approche de la finance pose une question clé : des placements peuvent-ils conjuguer objectifs de performance et principes de développement durable ? Éléments de réponse dans ce dossier.

L’ISR ou investissement socialement responsable consiste à prendre en compte, dans la décision d’investissement, des critères d’évaluation extra-financiers. « On les appelle aussi critères ESG : E pour environnementaux, S pour sociaux et G pour gouvernance. Concrètement, on regarde comment une entreprise impacte son environnement, quelles sont ses pratiques sociales, en particulier vis-à-vis de ses salariés, de quelle manière elle traite ses actionnaires et échange avec eux… » explique Olivier Héreil, directeur général adjoint, Gestion d’actifs de BNP Paribas Cardif.

 

La France, terre d’élection de l’ISR

La démarche est née il y a une trentaine d’années, à l’initiative en particulier de congrégations religieuses qui voulaient investir selon leurs convictions (par exemple en n’investissant pas dans les sociétés fabriquant des armes ou de l’alcool). Porté par la montée en puissance des préoccupations liées au développement durable, le mouvement a pris de l’ampleur jusqu’à devenir une tendance de fond de la gestion d’actifs. Fin 2017, l’ISR représentait près de 5 000 milliards d’euros d’encours dans le monde, dont plus de 1 000 milliards sur le seul marché français **. « Notre pays avait un terreau historique favorable à l’éclosion de ces types d’investissements, avec notamment une forte implication des partenaires sociaux et d’institutions publiques qui ont tiré le marché en avant. Résultat, la France a été à l’avant-garde du phénomène et elle est très active au niveau européen, alors qu’aux États-Unis, l’ISR est resté un marché de niche et qu’en Asie, le marché commence tout juste émerger », souligne Antoine de Salins, directeur associé de I-Care & Consult, qui accompagne les organismes publics et privés dans la réussite de leur transition environnementale.

Des approches diverses

L’ISR prend diverses formes. Les gestionnaires peuvent choisir d’exclure de leurs portefeuilles d’actifs certaines entreprises, telles celles qui produisent de l’électricité à partir du charbon et contribuent de ce fait à accélérer le réchauffement climatique. Sans pratiquer d’exclusions larges, ils peuvent investir dans les entreprises les plus avancées selon les critères ESG. Cette approche dite « best in class » culmine avec l’intégration dans les portefeuilles d’entreprises qui sont les mieux notées par les agences extra financières et qui innovent pour apporter des solutions aux problématiques de développement durable. Enfin, il y a l’approche thématique : des fonds centrés sur des sujets liés à la protection de l’environnement et aux questions sociales, tels que la production d’énergies vertes, la lutte contre la pauvreté ou la promotion du commerce équitable.

 

Une boucle vertueuse

Dans tous les cas, l’ISR crée une « boucle vertueuse ». « Il apporte une aide financière aux entreprises engagées pour répondre aux grands enjeux qui animent l’ensemble de la société. Elles peuvent donc mobiliser davantage de moyens et de ressources pour développer leurs activités et, partant, leurs impacts sociétaux positifs. Quant aux investisseurs, ils donnent du sens à leurs placements, ce qui les intéresse de plus en plus », note Olivier Héreil. Certes, l’offre est encore jeune et très diversifiée, ce qui peut constituer un obstacle à l’essor du marché en le rendant difficile à décrypter (dans une enquête IFOP réalisée en 2018, 8 % seulement des sondés déclaraient connaitre l’ISR, contre 22 % pour le financement participatif). Mais deux évolutions devraient lever ce frein. D’abord, les efforts de communication et de formation des réseaux de distribution à la commercialisation des solutions proposées. Ensuite, des labels de plus en plus nombreux et exigeants. En France, il en existe deux : le label ISR et le label TEC (Transition Energétique et Climat). Lancés en 2016 avec le soutien des pouvoirs publics, ils visent à offrir une meilleure visibilité aux épargnants sur les produits ISR. Ils garantissent que leur gestion répond à un cahier des charges exigeant, qui prévoit notamment une information claire et transparente.

 

Moins de risque, autant de performance

Si l’ISR séduit, ce n’est pas seulement parce qu’il est éthique : c’est parce qu’il est éthique et rentable. Son atout majeur est de réduire le risque. « Une entreprise ne se résume pas à ses états financiers : elle est aussi une communauté humaine. Si l’on s’en tient aux seuls critères financiers pour évaluer sa qualité, on s’expose à de mauvaises surprises. Ne pas prêter attention à la qualité de sa gouvernance, par exemple, peut coûter cher à l’investisseur », analyse Antoine de Salins. En outre, la plupart des recherches académiques menées ces dernières années sur le sujet arrivent à la même conclusion : l’ISR ne fait pas perdre en performance, il peut même être plus performant à long terme que l’investissement classique et réduit les risques.  

 

Les assureurs, acteurs clés du marché

Les compagnies d’assurance jouent un rôle clé dans le développement de l’ISR. Ce sont en effet des investisseurs institutionnels de long terme. Or, comme le rappelle Olivier Héreil, « l’ISR apporte sa valeur dans la durée ». L’assurance vie est d’ailleurs l’un des produits financiers le mieux adapté à ce type d’investissement. « Qui plus est, ajoute Antoine de Salins, les assureurs sont désormais poussés à développer la finance responsable par les banques centrales et les régulateurs financiers, qui sont entrés avec force dans le jeu. ». En France, les pouvoirs publics les y incitent aussi. Après la loi sur la transition énergétique de 2015 qui invitait les assureurs à intégrer les critères ESG dans leurs investissements, la loi PACTE, adoptée en avril 2019, leur demande de proposer dès 2020 une offre de fonds labellisés ISR dans leurs contrats.

 

BNP Paribas Cardif, assureur responsable

Ce contexte porteur devrait renforcer l’engagement historique de BNP Paribas Cardif en faveur de l’ISR. Cet engagement est étroitement lié à la mission que l’entreprise s’est donnée : rendre l’assurance accessible au plus grand nombre en étant utile à toute la société. Il repose sur une conviction, résumée par Olivier Héreil : « En tant qu’investisseur institutionnel, nous avons une double responsabilité : nous devons gérer l’épargne confiées par nos assurés en combinant performance financière et impact positif sur la société ». L’entreprise s’y emploie en déployant depuis dix ans une démarche globale. Elle sélectionne tous ses investissements en intégrant les critères ESG. Elle finance également depuis 2015 une quinzaine de projets de développement d’énergies renouvelables à travers le green bond Terra Neva ou encore à investir en 2017 dans un projet immobilier visant la création d’hébergements d’urgence pour des personnes en grande précarité.

 

Epargner en faisant œuvre utile

En parallèle, BNP Paribas Cardif donne à sa clientèle la possibilité d’investir directement dans des produits ISR, via notamment les unités de compte. L’entreprise a même été pionnière en la matière, lançant dès 2008 ses premiers fonds à thématiques sociale et environnementale éligibles dans les contrats d’assurance vie des particuliers. Sa gamme s’est beaucoup étoffée depuis. Aujourd’hui, dans le cadre du fonds BNP Paribas Aqua, ses clients contribuent par exemple à renforcer l’accès à une eau de qualité en finançant des installations d’approvisionnement, de traitement et d’assainissement. Avec le fonds Sycomore Happy@Work, ils investissent dans des sociétés européennes qui accordent une attention particulière à la gestion de leurs ressources humaines. « Il existe maintenant des classements des sociétés où il fait bon travailler, précise Olivier Héreil. Et on se rend compte qu’il y a un lien entre des salariés heureux et la performance de l’entreprise. » Preuve supplémentaire, s’il en était besoin, que durable et rentable vont très bien ensemble…

 

* Source : Novethic** Source : association française de la gestion financière